Du spatial au social : "GRANDS TRAVAUX"…, QUARTIER, MOBILITÉS INTÉRIEURES

 

   
Alain Faure. Pages personnelles 
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Fresque recouverte au rez-de-chaussée du bâtiment D)
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Propriétés expropriées pour le percement de la rue Réaumur à Paris (1894)



   Les textes ici regroupés illustrent quelques convictions qui me guident depuis longtemps. L'espace comme matière première du changement social, d'abord. Son remodelage, à coup d'interventions brutales ou à force de petites touches, impriment dans  la chair de la ville partitions et oppositions qui structurent les existences et les consciences. Processus sans commencement - les villes d'harmonie sont au ciel - ni fin, mais dont un effet est toujours l'embourgeoisement des centres. Un jour ou l'autre.
    Autre effet, en écho : la constitution de quartiers ouvriers, ou si l'on préfère, par pruderie ou prudence, populaires. Mais il ne faut pas s'y tromper : le "quartier" n'a jamais été une entité vivante, un personnage doué de parole et d'esprit. C'est l'emprise du local, la domination du court chemin qui sont en cause, impliquant une proximité des individus dont les manifestations n'étaient rien moins que simples.
   Domination d'ailleurs toute relative, à mettre à l'épreuve des milieux et des temps. L'analyse approfondie de la distance entre le lieu de travail et le logement m'a fait découvrir qu'aux mêmes dates pouvaient fort bien coexister des combinaisons très diverses entre ces deux points, qu'il convient de recenser et de peser avant de risquer toute généralisation rassurante.



Réédition d'articles

"Grands travaux" et partitions de l'espace social

   
            Quel spectacle affligeant offraient [...] vers le vieux Louvre ces rues immondes, noires de boue, suant le vice et l'humidité, inconnues du soleil, où l'on descendait par des pentes rapides, de brusques enfoncements défendus aux voitures ! - La génération actuelle n'y croira pas, tant le bien fait vite oublier le mal, à moins que quelque photographe n'ait pensé à prendre des épreuves de ces ruelles sordides, de ces maisons lépreuses sur lesquelles l'édilité semblait impuissante, et que pouvait seul purifier le matériau des démolisseurs.
Théophile Gautier, "Le nouveau Paris", in Paris et les Parisiens au XIXe siècle : mœurs, arts et monuments... Paris, Morizot, 1856, p. 46-47.


1. "Spéculation et société : les grands travaux à Paris au 19e siècle"

    Cet article constitue l'ébauche d'une réflexion sur l'histoire sociale de l'espace parisien entre 1750 et 1850. Une contradiction se fait jour à partir de 1750 entre les réalités urbaines et les aspirations des élites municipales : l'idéal édilitaire de la circulation de l'air et l'invention de la maison de rapport, nouvelle forme urbaine qui supposait des parcelles de grande étendue, se heurtent à la propriété foncière dans  les quartiers du centre. Les riches tendent à quitter le centre pour s'installer dans les faubourgs et en banlieue. Avant même l'intervention d'Haussmann, c'est sans doute  la grande peur politique et sociale de 1848 qui provoqua le début de résolution de cette contradiction, par le biais d'une politique d'emprunt et de nouvelles règles d'hygiène publique. La préfecture d'Haussmann représente le moment où la ville entra résolument dans un nouveau cours, marqué d'avance par le jeu des forces en présence et conduisant à la reconquête du centre. Mais la nécessité d'intégrer la ville annexée en 1860 fut bien aperçue par le préfet ; en même temps, ses choix personnels (la constitution d'un grand ouest bourgeois par exemple) entraînaient l'espace urbain dans des directions inédites.

"Speculation and Society: Public Works in Paris during the Nineteenth Century"
   
    This article summarises some preliminary thinking about the social history of urban space in Paris between 1750 and 1850. From 1750 on, a contradiction began to emerge between the realities of the city and the aspirations of its municipal elites: the civic ideal of good circulation of air, and the invention of town houses for letting, a new urban form which presupposed large plots of land, both came into conflict with the actual patterns of land ownership in the central neighbourhoods of the capital. The rich tended to leave the centre for the outlying districts, the faubourgs, and for the suburbs. Even before Haussmann's major works during the Second Empire, however, new policies of public loans and new bye-laws on public hygiene, provoked by the great social and political fear of the year 1848, had already begun to resolve this conflict. But the period of Haussmann's prefecture clearly represents the moment when the city entered into a new period, marked by the interplay of the forces already present and leading to the re-conquest of the city centre. The prefect was also aware of the necessity of integrating the outer arrondissements of the city, annexed in 1860. At the same time, his personal choices - the transformation of the west into a bourgeois residential zone, for example - also began to lead the capital's urban space in entirely novel directions.

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Article paru dans la revue  Histoire, Économie et Société, 2004, n° 3, p. 433-448 - Cette version contient, à la fin du fichier, une reproduction du plan du quartier des Arcis figurant dans l'Atlas de Vasserot-Bellanger (1827-1832)



2. "La ségrégation, ou les métamorphoses historiographiques du baron Haussmann"

Article paru dans : Marie-Christine Jaillet, Evelyne Perrin et François Ménard dir., Diversité  sociale, ségrégation urbaine, mixité, Plan urbanisme, construction et architecture, 2008, p. 51-64.

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(en post scriptum : "A propos de ce texte")


- Voir aussi le compte rendu de trois ouvrages publiés entre 1994 et 1996 sur la ségrégation,  paru  sous le titre "Vous avez dit ségrégation?" en novembre 1997 sur le site H-Urban (adresse : http://www.h-net.org/~urban) et dans Le Mouvement social, mars 1998, p. 117-120.

                                 3. "La pioche du démolisseur. Les logiques et les masques de la rénovation urbaine (19e et 20e siècles)"

Article publié par la revue électronique Métropolitiques en février 2016
http://www.metropolitiques.eu/La-pioche-du-demolisseur-Les.html
Voir aussi le texte et mes remarques dans le fichier à télécharger, agrémentés d'une représentation des destructions entraînées par l'achèvement de l'avenue de l'Opéra à Paris en 1876.

Le quartier

1. "Le local : une approche du quartier populaire (Paris, 1880-1914)"

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Article paru dans les Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, t. 105, 1993, 2, p. 489-502.

 
 


2. "Aspects de la 'vie de quartier' dans le Paris populaire de la fin du 19 siècle"

 
   Cet article, tiré d'une conférence, examine l'emprise du local dans la vie populaire qui se déployait dans les maisons et faubourgs de Paris à la fin du 19e siècle. Le "localisme" n'était qu'une dimension de la vie. Les familles cherchaient plutôt à se protéger des empiétements constants du voisinage sur la vie privée. Le spectacle des brutalités domestiques "excessives" sont loin de toujours donner lieu à des interventions de la part des voisins, même si on en pense pas moins. La solidarité était essentiellement une entr'aide, à charge de revanche. Enfin, la proximité, contrairement à l'idée reçue, n'a rien de systématique dans le rapport entre le domicile et le travail.


"Aspects of "life in the quarter" in the popular Paris of the late nineteenth century"

    Based on a lecture, this article takes a look at the significance of "the local" in the life of the people in the houses and suburbs of Paris at the end of the nineteenth century. This "localism" was only one dimension of life. Indeed, families often tried to protect themselves from the constant impingement of the neighbourhood in their private life. The spectacle of "excessive" domestic brutality did not necessarily lead neighbours to intervene, even if attitudes to such brutality were clear. Solidarity expressed itself mainly in terms of services rendered, often expecting services in return. Lastly, and contrary to the idea usually held, proximity is by no means systematic where the relations between the home and the workplace are concerned.


Article paru dans la revue Recherches contemporaines, n° 6, 2000-2001, p. 283-297.

- Traduction anglaise  dans la revue Journal of Urban History, july 2006 :



Mobilités intérieures

Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,
Empoignait ses outils, vieillard laborieux.
Charles Baudelaire, "Le crépuscule du matin"
(Les Fleurs du mal, CIII)

1. "Les racines de la mobilité populaire à Paris au 19e siècle"

    Chez les ouvriers parisiens, évidence d'une forte mobilité dans les domiciles, mais marquée au sceau du proche et en rien le signe d'une citoyenneté absente ou réduite... Mes recherches ultérieures ont infirmé sur quelques points, importants ou secondaires, ces analyses déjà anciennes (quoique encore parfois citées...), certaines interprétations ont été remises en cause par une réflexion plus détachée des idées reçues, mais l'essentiel - ce qu'on vient de lire - a malgré tout bien résisté au temps.

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Article paru dans : Odile Benoit-Guilbot dir., Changer de région, de métier, changer de quartier. Recherches en région parisienne. Université de Université Paris Nanterre-Nanterre, 1982, p. 103-109.
 
 
    ll convient de saluer ce petit ouvrage, pourtant de facture médiocre, bien mal diffusé - j'en ai vu des caisses pleines dormant derrière des armoires -, et quel mauvais titre ! Mais il a pour lui d'avoir réuni des chercheurs de plusieurs disciplines, conviés à étudier chacun dans sa sphère un même objet : économie, philosophie, études littéraires, géographie, histoire et sociologie, rien moins ! et cela  sans qu'une de ces disciplines domine ou donne le la. Certes, le résultat est bien plus une juxtaposition d'études qu'une fusion des analyses, mais la démarche peut rendre nostalgique : ne vivons-nous aujourd'hui un très fort enfermement disciplinaire, où les coudoiements sont devenus rarissimes ? L'expression à la mode de "socio-histoire" est trompeuse : ce n'est jamais qu'un cocktail maison. Chacun, campant dans l'étroit domaine qu'il s'est taillé, ne veut lire et fréquenter que ses voisins immédiats, sans dépasser les limites de sa petite patrie.


2. " 'Nous travaillons 10 heures par jour, plus le chemin.'  Les déplacements de travail chez les ouvriers parisiens (1880-1914)"

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Article paru dans  : Susanna Magri et Christian Topalov dir., Villes ouvrières (1900-1914). Paris, L'Harmattan, 1989, p. 93-107.



3. "Emploi industriel à Paris et résidence ouvrière (1860-1914) : pluralité des distances, diversité des modes de vie"

    Cet article traite de la question des rapports entre le domicile et le travail dans la classe ouvrière parisienne. Aujourd'hui l'historiographie française affirme comme une évidence qu'à une époque où la journée de travail était très longue et les moyens de transport inexistants ou inaccessibles, l'ouvrier et sa famille se logeaient forcément à deux pas de l'atelier. En fait, un hiatus a toujours existé, contraignant beaucoup à des marches quotidiennes harassantes. Il convient de penser qu'au même moment co-existent une variété de situations allant de la coïncidence spatiale à l'éloignement maximum autorisé par les transports. Cette variété tient à la diversité des industries elles-mêmes, aux choix opérés par les individus et aux équilibres familiaux. Cet article plaide aussi pour une histoire sociale des transports centrée sur leur usage (ou leur non-usage), alors que jusqu'ici l'attention a été portée sur la seule décision politique
"Industrial employment in Paris and workers' places of residence (1860-1914): different distances and varied life styles"

    This article addresses the question of the relations between home and workplace for the working class of Paris. French historiography today seems to take it for granted that at a time when the working day was very long and means of transport non-existent or prohibitively expensive, the worker and his family inevitably lived in the immediate vicinity of the workplace. In reality, this was not the case and many workers had always had to walk long and tiring distances every day. A truer picture then is one of different situations co-existing at the same time: for some, work space and dwelling space were one and the same; for others, the home was as far removed from the workplace as public transport would allow. This variety of situations results from the diversity of industrial activities in Paris and from individual choices or choices negotiated within the family. This article also constitutes a plea for a social history of transport, concentrating on its uses (or non-uses) ; up to now, in the study of transport systems, attention has primarily focused on the political decisions underpinning them.

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Article paru dans le livre L'économie faite homme. Hommage à Alain Plessis. Edité par Olivier Feiertag et Isabelle Moret-Lespinet. Genève, Droz, 2010, p. 63-76.


   

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   Dans l'avenir, je souhaiterais approfondir la question de la ségrégation en traitant du mythe rétrospectif de la "maison mixte" (les riches en bas, les pauvres en haut).
  L'arrivée du tramway, après 1870, suscita les réactions les plus vives quand le Conseil municipal de Paris voulut le faire passer au cœur du Paris élégant : l'affaire du "tramway des barbares" mériterait un article.
 J'aimerais enfin publier (après révision) un long texte intitulé "Communauté et intimité dans l'habitat populaire", qui développe ma vision du voisinage en quartier pauvre, et croise le thème du "localisme", thème à multiples facettes qui demanderait à être développé pour lui-même.

Mis à jour le 12 octobre 2016